Saviez-vous que les personnes et les communautés 2LGBTQ+ ont une longue histoire au Nouveau-Brunswick? S’organiser, créer des espaces, agir, honorer les anciens militants et lutter pour le changement constitue une partie importante des cultures 2LGBTQ+ au Nouveau-Brunswick. Avez-vous entendu parler de l’organisme « FLAG »? FLAG, c’est-à-dire « Fredericton Lesbians and Gays », a été une des premières organisations 2LGBTQ+ importantes de la province.
L’article intitulé « Have you heard », paru le 18 mai 1980 dans le magazine LGBTQ+ d’Halifax, contient une lettre au rédacteur en chef de FLAG :
Le 11 février, trois serveurs du restaurant Pier One (Hilyard Place), à Saint John, au N.-B., ont perdu leur travail parce qu’ils sont gais. FLAG a déposé une plainte en leur nom auprès de la Commission des droits de la personne du Nouveau-Brunswick. FLAG fera pression pour que ces trois personnes retrouvent leur emploi, mais au Nouveau-Brunswick, comme en Nouvelle-Écosse (et dans toutes les provinces, sauf au Québec), la loi ne couvre pas l’orientation sexuelle; la pression devra donc être forte. Nous demandons à tous les gais et lesbiennes de dire ce qu’ils pensent à la Commission des droits de la personne du N.-B. Le Telegraph Journal et l’Evening Times ont refusé de publier une annonce de FLAG. Ces journaux faisant partie du monopole Irving (tout comme les quotidiens d’Halifax en manque de contenu), il est fort peu probable que les autres journaux du Nouveau-Brunswick publieront notre annonce. Chaque refus fera l’objet d’une plainte auprès de la Commission des droits de la personne du Nouveau-Brunswick.
Depuis 1992, la Commission des droits de la personne du Nouveau-Brunswick protège les habitants de la province contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. Ce n’est cependant que depuis 2017 qu’elle protège les Néo-Brunswickois contre la discrimination fondée sur l’identité de genre. Il n’y a donc pas très longtemps.
Aujourd’hui, des organisations comme l’Initiative du patrimoine queer du Nouveau-Brunswick préserve l’histoire et les histoires de la communauté 2LGBTQ+ du Nouveau-Brunswick. Les responsables de cette initiative indépendante collaborent avec les Archives provinciales du Nouveau-Brunswick afin de créer une collection des histoires queers. Les institutions publiques comme les musées et les archives ainsi que les programmes scolaires ne se sont pas préoccupés pendant très longtemps des histoires des Néo-Brunswickois LGBTQ+. Bien que remédier à la situation constitue un travail difficile, il ne faut pas oublier que les communautés, les organisations et les individus 2LGBTQ+ ont une longue histoire au Nouveau-Brunswick.
La collection de l’Initiative du patrimoine queer du Nouveau-Brunswick présente actuellement l’histoire de certaines organisations et personnes LGBTQ+. Cependant, l’histoire, les histoires ainsi que les expériences des personnes 2LGBTQ+ noires, autochtones et de couleur sont encore largement exclues de la collection.
Jeremy Dutcher, un compositeur et interprète wolastoqiyik de la Première nation de Tobique, est un important activiste au Nouveau-Brunswick. C’est aux Archives nationales, à Ottawa, que Jeremy a découvert des enregistrements de ses ancêtres de la Première Nation de Tobique. Ces enregistrements ont été retirés de cette communauté puis déposés aux Archives nationales par un anthropologue. Jeremy a alors créé un album dans lequel il joue du piano et chante en langue wolastoq pour accompagner les chanteurs de l’enregistrement. Pour lui, composer des chansons en wolastoq lui permet de diffuser l’art wolastoqiyik ainsi que de se rapprocher de ses ancêtres.
En 2019, l’association BIPOC Pride a été créée à Fredericton pour attirer le rôle central de la culture blanche au sein d’un grand nombre d’organisations LGBTQ+ au Nouveau-Brunswick. Elle cherche à soutenir les besoins des personnes 2LGBTQ+ noires, autochtones et de couleur du Nouveau-Brunswick. En raison de la Covid-19, BIPOC Pride a mis ses événements et activités en ligne et tient actuellement des cafés virtuels; elle a de plus organisé un cercle de guérison virtuel au cours de l’été 2020.
Des organisations comme l’Initiative du patrimoine queer du Nouveau-Brunswick et BIPOC Pride ainsi que l’activisme d’artistes comme Jeremy Dutcher visent à remédier à l’effacement de l’histoire et des expériences des communautés 2LGBTQ+ des musées, des archives et des programmes scolaires. Que peut-on faire dans les écoles pour faire renaître l’histoire des personnes 2LGBTQ+? Que peut-on faire en général dans la société?
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